L'homme actuel connaît la peur, l'inquiétude, la crainte. Toute la vie courante est porteuse de dangers et de menaces : l'amour tue, la politique est corrompue, le monde est malade, l'air est vicié, l'eau est polluée, la planète s'essouffle, la science est incontrôlée, l'argent est sale, les forces de la nature se déchaînent, l'économie est en "récession", nos libertés sont ligotées ... Et, de surcroit, l'expression à la mode est "OK, pas de souci !" ... utopique, insupportable.
Lorsqu'on est insouciant,
- on est heureux, ou du moins joyeux, ou du moins, sans grande angoisse
- on est en phase avec l'entourage : aucun décalage, aucun malaise
- on peut oublier qu'on va "droit dans le mur" si c'est le cas ...
L'insouciance est une véritable jouissance du moment.
Mais qu'il m'est difficile de cultiver mon insouciance, de faire des choses inutiles !
Pour certains, l'insouciance est souhaitable, indispensable même, car ils en manquent profondément :
- les personnes qui ont rarement connu l'insouciance de l'enfance
- les hypersensitifs (des cinq sens) ou les hypersensibles (psychiquement)
- les individus élevés dans un contexte hostile, de survie (guerres), de culpabilité (non-dit familial), de stress (professionnel, relationnel).
Ceux qui n'ont pas connu l'insouciance naturelle doivent essayer de la cultiver : on est dans l'angoisse et dans la peur lorsqu'on manque d'insouciance. Il s'agit de gens traqués qui cherchent le répit de toutes les manières possibles.
Pour eux, insouciance est synonyme de détachement, optimisme.
Pour d'autres, un surcroit d'insouciance n'est pas souhaitable : ils sont déjà trop installés dans l'inconscience et ne prennent pas leurs responsabilités car ils ne voient pas les conséquences de ce qu'ils font. Ils sont aveugles à ce qui les entoure et à l'implication de leurs actes. C'est malheureusement le cas de trop de gens (esprits fonctionnaristes) sur cette terre, pour qui l'insouciance est un réel défaut !
Pour eux, insouciance est synonyme de négligence, inattention, nonchalance.
Mieux encore, il faudrait remplacer le concept d'insouciance par :
- le bien-être : avec soi, avec les autres, avec l'environnement : faire la différence entre les obligations réelles et les obligations parasites induites par la peur, et poser des choix. Oser être soi, connaître ses désirs et ses besoins, avoir confiance en soi, ne pas être soucieux d'avoir le bon "rôle" vis-à-vis des autres, même si cela brave l'interdiction morale édictée par la société qui veut se concocter des travailleurs consommateurs.
- la légèreté : arrêter de s'encombrer de ce qui ne nous appartient pas. N'avoir qu'un seul souci, le souci réel de vivre sa grandeur d'âme, ne pas être subjugué par une montagne de préoccupations inutiles, ne pas se sentir accablé par les responsabilités et les contraintes : "tout ce qui se passe n'est pas nécessairement sous ma responsabilité, je ne suis pas le centre du monde". Il faut pour cela apprendre à évaluer correctement l'essentiel et l'accessoire.
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"La vraie insouciance, c'est de laisser les autres s'inquiéter pour soi."
Michèle Bernier