LES TOUAREG
Les Touareg (au singulier Targui, de l'arabe Tergab = race) constituent la population emblématique du Sahara central. Les Touareg ont le teint bronzé, les cheveux longs, lisses et noirs, la barbe noire et rare, les yeux noirs, rarement bleus, le nez petit, les mains petites, les membres musculeux, la taille haute. Nominalement musulmans, ils ne jeûnent pas, ne font pas les ablutions régulières, ne saignent pas les animaux. Ils sont traditionnellement armés du sabre, de la lame, d'un couteau et souvent d'un bouclier; l'usage du fusil s'est généralisé; ils sont vêtus d'une tunique généralement noire, blanche chez quelques tribus, d'un pantalon, d'une ceinture de laine, d'un turban dont un bout est ramené de façon à voiler la figure, ne laissant apercevoir que les yeux; ce voile ou litham est caractéristique; il abrite les voies respiratoires du sable. Les chefs portent souvent le burnous; la mode a longtemps été d'avoir la moustache longue et la tête rasée, sauf une tresse. La nourriture est le lait et la viande des troupeaux de moutons et de chameaux; le revenu tiré des caravanes qu'ils escortent et, jadis tout une tradition de razzias, leur permet d'ajouter au produit de leurs troupeaux pour se procurer des dattes, des grains, des armes et des objets manufactures dans les oasis du Nord et sur les marchés du Sahel. Ils circulent à dos de chameau, mais en descendent pour le combat. Les femmes sont très libres, et la filiation se définit par la ligne maternelle. La langue des Touareg, le tamachek, appartient au groupe de langues afrasiennes et est celui des dialectes berbères, qui est demeuré le plus imperméable aux éléments arabes. Ils ont une écriture, le tifinrah (singulier tafanek = lettre) qui se retrouve sur des inscriptions rupestres et de nombreux monuments du Nord de l'Afrique; on la rapproche des alphabets punique et himyarite.
Au cours de l'histoire, on les trouve traditionnellement regroupés en quatre confédérations ayant chacune pour centre un massif montagneux, abri de ses troupeaux et de ses tentes, et d'où ils rayonnent dans le désert et sur les routes qui mènent aux pays où ils se ravitaillent Touat au Nord-Ouest, Ghadamès et Ghat au Nord-Est, Tombouctou au Sud-Ouest, Zinder au Sud-Est. Les Touareg du Nord, les moins nombreux parce qu'ils n'accèdent qu'aux oasis et non comme ceux du Sud aux fertiles terres légères qui bordent le Sahel, sont répartis entre les confédérations des Azdjer (Azgar) à l'Est, des Hoggar (Ahggar) à l'Ouest. Les Azdjer (Ajjer) commerçant avec Ghat et Ghadamès, se sont progressivement sédentarisés; ils possèdent un faubourg de Ghadamès, la seule zaouia touareg à Temassinin, quelques-uns se sont établis au Fezzan et à Ghat. Ils ont un cheikh héréditaire, l'amrhar. La famille des lmanân a à sa tête l'amenokal, suzerain nominal de tous les Touareg du Nord; son pouvoir a été abattu il y a plus de trois siècles avec le concours de la tribu des Aouraghen, et les deux confédérations sont morcelées en tribus qui, de fait, sont autonomes. Ces tribus sont, les unes nobles (ihaggaren), les autres serves (imrhad); il faut ajouter à coté des nobles les tribus maraboutiques et certaines tribus mixtes. Chez les Azdjer, les tribus nobles sont les Imanan, anciens chefs religieux et politiques, les Aouraghen, issus des Awrigba, tribu berbère refoulée du littoral dans le désert par les Arabes et qui a peut-être donné son nom à l'Afrique; les lmanrhasaten, les KelIzhabân, les Imettrilalen et les lhaddaren : les tribus maraboutiques sont les Ifoghas et les lhehaouen.
Les Hoggar, séparés des Azdjer par la dépression de l'Igharghar, se ravitaillent surtout à ln-Salah. Ils ne comprennent que des tribus nobles et des serfs; ils sont très morcelés; leur centre est, dans le massif Hoggar, la région d'Idelès; ce sont ceux qui, à l'époque de la colonisation, se montreront les plus hostiles à la France. A l'Ouest, il s'est détaché de leur confédération un groupe établi dans le massif de l'Ahenet et formé de la tribu des Taïtoq, de celle des Tedjeké Nousidi et de dix-neuf tribus serves ou alliées; ils nomadisent au Sud jusqu'à Taodeni et au Soudan; les Ajjer et Hoggar ne dépassent guère au Sud-Est. Asiou, qui forme, avec le point plus occidental de Timissao, la limite coutumière entre eux et les Touareg du Sud.
Les Touareg du Sud sont beaucoup plus nombreux, évalués à environ 60 000 pour les Keloui à l'Est, le double pour les Aouelimmiden à l'Ouest. Les Keloui vivent dans l'oasis d'Aïr et se rattachent aux Aouraghen; ils sont presque sédentaires, habitent des huttes et non des tentes; ils ont jadis enlevé l'oasis aux Noirs et se sont métissés avec eux. Au Sud de l'Aïr est le groupe des Kel-Guérès et des Itissan, tribus refoulées par les Keloui, ce sont des cavaliers, à la différence des Touareg précédents qui ne montent guère qu'à dos de chameau. Les Aouelimmiden, dont la forteresse naturelle est le massif de l'Adrar oriental, sont les plus puissants des Touareg, ils étaient maîtres de tout le coude du Niger et s'étendaient bien au Sud du fleuve, lorsque les Français se sont emparés de ces régions au XIXe siècle. On les rattache à la grande nation berbère des Lemta; venus de l'Ouest, ils auraient refoulé les Tademekkés et abattu l'empire songhaï. Ils sont sous l'influence maraboutique des Bekkaya de Tombouctou, se divisent en nobles et imrhad et vivent sous la tente.
Source : www.cosmovisions.com/ChronoSahara.htm