CITATIONS ET TEXTES SUR LE DEUIL♥

Publié le par Domi

 

Lorsque je vais au cimetière, je regarde ta tombe : je ne pense rien alors, 
je ne pense que des choses triviales, je me dis que tu es là. 
A deux mètres sous mes pieds, deux mètres ou trois, je ne sais plus, 
et je ne crois pas ce que je pense, et ça vient d'un seul coup, ça vient lorsque je me retourne, 
c'est là que je te vois, dans l'amplitude et l'ouvert du paysage, 
dans la beauté sans partage de la terre et du grand ciel, toi partout à l'horizon, 
c'est en tournant le dos à ta tombe que je te vois.

(Christian Bobin)

Les vivants sont trop absorbés par ce qu'ils veulent et les morts trop éblouis par ce qu'ils voient
pour jamais se rencontrer.

(Christian Bobin)

Quelqu'un meurt,
Et c'est comme des pas
Qui s'arrêtent.
Mais si c'était un départ
Pour un nouveau voyage...

 

Quelqu'un meurt,
Et c'est comme une porte
Qui claque.
Mais si c'était un passage
S'ouvrant sur d'autres paysages...

 

Quelqu'un meurt,
Et c'est comme un arbre
Qui tombe,
Mais si c'était une graine
Germant dans une terre nouvelle...

 

Quelqu'un meurt,
Et c'est comme un silence
Qui hurle.
Mais s'il nous aidait à entendre
La fragile musique de la vie...

 

(Benoît Marchon)

Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté !
Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré !
Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous ne serons séparés que pour quelques temps !
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je sera là,
Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai !
Quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir,
Absent de mon corps, présent avec Dieu !
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer !
Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit !

 

N'allez pas sur ma tombe pour pleurer
Je ne suis pas là, je ne suis pas mort.

 

(Prière amérindienne)

Je suis debout au bord de la plage
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.

 

Quelqu'un à mon côté dit :
"Il est parti !"
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C'est tout...

 

Son mât est toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui.

 

Et juste au moment où quelqu'un près de moi dit : "il est parti !"
Il en est d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux,
S'exclament avec joie :
"Le voilà !"...

 

C'est cela la mort.

 

(William Blake)

L'amour ne disparaît jamais...la mort n'est rien. 
Je suis seulement passé dans la pièce d'à côté. 
Je suis moi et vous êtes vous. 
Ce que nous étions les uns pour les autres,
nous le sommes toujours. 
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. 
Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. 
Ne changez rien au ton, 
Ne prenez pas un air solennel ou triste. 
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. 
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi. 
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été. 
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié. 
Elle est ce qu'elle a toujours été. 
Le fil n'est pas coupé. 
Pourquoi serais-je hors de votre pensée,
simplement parce que je suis hors de votre vue? 
Je vous attends, je ne suis pas loin,
juste de l'autre côté du chemin. 
Vous voyez, tout est bien.

(Saint Augustin)

Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour renaître.
(Marguerite Yourcenar)

Le jardin de ce monde ne fleurit que pour un temps.
(Gandhi)

Dieu a donné une soeur au souvenir et il l'a appelée espérance.
(Michel-Ange)

La vie des morts est de survivre dans l'esprit des vivants.
(Cicéron merci Onyx174)

L'homme qui a le plus vécu n'est pas celui qui a compté le plus d'années, mais celui qui a le plus senti la vie.
(J.-J. Rousseau)

Les larmes les plus amères versées sur les tombes
tiennent aux paroles passées sous silence et aux actions restées inaccomplies.
(Lillian Hellman)

L'esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l'amitié le console.
(William Shakespeare)

L'épreuve du courage n'est pas de mourir, mais de vivre.
(Vittorio Alfieri)

Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile,
C'est doux, la nuit, de regarder le ciel.
(Le Petit Prince, St Exupery)

Il est venu au monde et je l'ai perdu avant même de le rencontrer, s'est lamentée cette femme.
Je n'ai pas su lui répondre, à cette époque, ce que j'ai découvert depuis et que je sais aujourd'hui
Que certains bébés, certains enfants se "donnent la liberté" d'apparaître, 
de seulement apparaître dans la vie, pour insuffler l'envie à l'un de leurs parents de naître enfin ou d'accéder à plus de vie dans leur existence.
Certains enfants sont de passage pour montrer à l'un ou à l'autre de leurs géniteurs un chemin, 
pour témoigner d'un choix de vie à faire.
Certains enfants, par leur mort subite, invitent... leurs parents à oser un changement qu'ils n'avaient pu envisager jusqu'alors.
Certains enfants ont ce pouvoir de dire par leur présence furtive et fugitive et leur disparition brutale : "Ose ta vie, toi seul la vivra"
Nous pouvons ainsi écouter et entendre le message secret envoyé par ces enfants 
dont la présence éphémère nous blesse à jamais si nous restons sourds à leur message d'espoir.

(Jacques Salomé)

Le temps passe si vite qu'on ne le voit pas passer. Et pourtant il passe ; il ne fait que ça, il fait aussi vieillir.
(Paul Toupin)

La vie n'est qu'une prière faite d'amour et de pleurs pour enfin ouvrir la porte du coeur celle de la mort.
(Auteur Inconnu - Merci G.na)

 

La mort n'est qu'un passage.
Je suis seulement passé dans la pièce à coté.
Je suis moi, Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné
Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez de rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez ou ne priez pas. Souriez, pensez à moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été.
Sans emphase d'aucune sorte,
sans aucune trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle toujours été.
Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos vues ?
pourquoi serais-je hors de vos pensées.
Je ne suis pas loin. Juste de l'autre coté du chemin.

(Charles Peguy)

La vie n'a pas d'âge
La vraie jeunesse ne s'use pas.
On a beau l'appeler souvenir,
On a beau dire qu'elle disparaît,
On a beau dire et vouloir dire que tout s'en va,
Tout ce qui est vrai reste là.
Quand la vérité est laide,
C'est une bien fâcheuse histoire.
Quand la vérité est belle, rien ne ternit son miroir.
Les gens très âgés remontent en enfance
Et leur cœur bat là où il n'y a pas d'autrefois.

(Jacques Prévert)

L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère.
L'automne est morte, souviens-t'en.
Nous ne verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t'attends.

(Guillaume Apolinaire)

Lettre venue d'ailleurs

Tu as souhaité m'écrire, laissant le soin aux nuages,
le soin de me transmettre ton message.

Cette seule intention m'autorise à te répondre
afin de te dire qu'en partant, j'ai bien emporté
toute la richesse et l'amour de notre vécu,
et, si du poids de mon corps je me suis allégé,
je n'en reste pas moins, dans l'ombre, à tes côtés.

Dés lors, si tu es à la recherche de notre hier,
laisse voguer en toi les pensées et les rêves,
car, dans ces voyages, nous nous retrouverons
pour vivre ensemble cette intime complicité,
et donner ainsi toute sa force à son éternité.

Que la caresse du vent, un rayon de soleil,
une étoile filante ou une goutte de pluie
soient les anges porteurs de cet écrit
pour en traduire auprès de toi le sentiment,
afin que, laissant de côté regrets comme oublis,
tu vives intensément chaque moment de la vie.

(Michel Thivent)

Cette nuit-là...

Cette nuit-là, je ne le vis pas se mettre en route. Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre, il marchait, décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement :
- Ah ! Tu es là ...
Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore :
- Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurai l'air d'être mort, mais ce ne sera pas vrai ...
Moi, je me taisais.
- Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi, je me taisais.
- Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'est pas triste les vieilles écorces.

(Antoine de Saint-Éxupéry - Le Petit Prince)

Au début j'ai bien cru perdre ma voix, 
la parole et la mort sont comme deux personnes qui voudraient entrer dans une pièce en même temps et se gênent, 
demeurent bloquées sur le seuil, au début la mort devenait de plus en plus grande et la parole bégayait de plus en plus, 
ensuite j'ai compris qu'il fallait éviter comme la peste tout ce qu'on croyait savoir à ce sujet, 
tous les mots convenus sur la douleur et la nécessité de revenir à une vie distraite, 
j'ai compris que, comme pour la vie, il fallait écouter absolument personne 
et ne parler d'une mort que comme on parle d'un amour, avec une voix douce, avec une voix folle, 
en ne choisissant que des mots faibles accordés à la singularité de cette mort -là, à la douceur de cet amour-là.

(Christian Bobin)

La colère

On avait jusque là plus ou moins cru à une justice, à une sagesse inhérente à "l'ordre des choses"...et soudain son enfant se noie, son épouse meurt en couches ou son compagnon se tue.
Là tout vole en éclats.
Le fragile édifice de ses croyances et de ses convictions se trouve violemment ébranlé et on vient à se demander si on ne s'est pas trompé ou si on n'a pas été trompé.
On est en colère contre Dieu, en colère contre la destinée.
La révolte est soit brutale et explosive, soit insidieuse et rampante, quand, au fil des mois, tout ce à quoi on avait cru s'effrite.
L'épreuve est difficile...car c'est un système essentiel de repères et références qui est mis en cause...
Il est certain que l'on ne peut s'empêcher de ressentir ce qu'on ressent !
Pour l'instant, la colère est présente, il faut en tenir compte.
Si le chemin du deuil passe par elle, c'est qu'elle a manifestement sa raison d'être.

(Christophe Fauré)

La tristesse et les larmes

Dans les tribus indiennes, on dit qu'il ne faut pas laisser le mal se blottir.
Il faut le faire jaillir du corps, gicler hors de la peau comme les pépins de baies sauvages.
Il ne faut pas lui donner de prise. Car le malheur est habile.
Il plonge dans les parties vitales de l'organisme, 
s'insinue dans les recoins les plus inaccessibles, 
se love dans les viscères et jusque dans la bile.
Et il les anémie.

Ensuite, il leur ôte le goût de vivre.
Alors le cœur se ternit, les yeux s'engorgent. 
Et comme le dos se courbe, le teint se flétrit. 
Non, le chagrin, cela se chasse, comme les pépins de raisin.
Pour l'extirper, il ne sert à rien de se gratter la chair et le sang.

Il lui a dit - et elle le croit car c'est un grand sorcier -, il lui a dit que l'eau salée est le meilleur des remèdes.

Les Indiens enduisaient leurs malheureux de cataplasmes marins.
C'est parce que, le mal, il fond dans l'eau salée.
C'est parce que l'eau de mer agit sur la peau comme par osmose.
Elle aspire les larmes à la surface.
Pendant des jours et des jours, il faut s'humecter sans cesse.
Alors le malheur se dissout dans les larmes, se délite à petites gouttes pour sourdre hors du corps par les yeux.

Pour guérir de la mort, il faut pleurer.

(Myriam Cohen-Welgryn)

Quand un jour tôt ou tard, il faut qu'on disparaîsse, 
quand on à plus au moins vécu, souffert, aimé, 
il ne reste de soi que les enfants qu'on laisse 
et le champ de l'effort où l'on aura semé.

(Charles de Gaulle)

 

La mort n'atteint pas seulement celui qui doit fermer les yeux à jamais mais aussi les autres,

tous les autres qui recevront l'horreur et l'absence en partage.

 

(Marie-Claire Blais)

Tant de belles choses

 

Même s'il me faut lâcher ta main
Sans pouvoir te dire "à demain"
Rien ne défera jamais nos liens.
Même s'il me faut aller plus loin
Couper les ponts, changer de train,
L'amour est plus fort que le chagrin.
L'amour qui fait battre nos cœurs
Va sublimer cette douleur,
Transformer le plomb en or !
Tu as tant de belles choses à vivre encore.
Tu verras au bout du tunnel
Se dessiner un arc-en-ciel
Et refleurir les lilas.
Tu as tant de belles choses devant toi.
Même si je veille d'une autre rive,
Quoi que tu fasses, quoi qu'il t'arrive,
Je serai avec toi comme autrefois.
Même si tu pars à la dérive,
L'état de grâce, les forces vives
Reviendront plus vite que tu ne crois.
Dans l'espace qui lie le ciel et la terre
Se cache le plus grand des mystères
Comme la brume voilant l'aurore.
Il y a tant de belles choses que tu ignores :
La foi qui abat les montagnes,
La source blanche dans ton âme,
Penses-y quand tu t'endors :
L'amour est plus fort que la mort.
Dans le temps qui lie ciel et terre
Se cache le plus beau des mystères.
Penses-y quand tu t'endors :
L'amour est plus fort que la mort.

(Françoise Hardy)

 

 

La nuit n’est jamais complète

 

La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours, au bout du chagrin une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille Désir à combler, faim à satisfaire un cœur généreux.
Une main tendue, une main ouverte Des yeux attentifs
Une vie – la vie à partager.

(Paul Eluard)

 

Les mots exacts pour le dire

 

Je vous en prie, ne me demandez pas si j'ai réussi à le surmonter,
Je ne le surmonterai jamais.

Je vous en prie, ne me dites pas qu'il est mieux là où il est maintenant,
Il n'est pas ici auprès de moi.

Je vous en prie, ne me dites pas qu'il ne souffre plus,
Je n'ai toujours pas accepté qu'il ait dû souffrir.

Je vous en prie, ne me dites pas que vous savez ce que je ressens,
À moins que vous aussi, vous ayez perdu un enfant.

Je vous en prie, ne me demandez pas de guérir,
Le deuil n'est pas une maladie dont on peut se débarrasser.

Je vous en prie, ne me dites pas
« Au moins vous l'avez eu pendant tel nombre d'années »,
Selon vous, à quel âge votre enfant devrait-il mourir ?

Je vous en prie, ne me dites pas que Dieu n'inflige pas plus que ce que l'homme peut supporter.
Je vous en prie, dites-moi simplement que vous êtes désolés.

Je vous en prie, dites-moi simplement que vous vous souvenez de mon enfant,
si vous vous rappelez de lui.
Je vous en prie, laissez-moi simplement parler de mon enfant.
Je vous en prie, mentionnez le nom de mon enfant.
Je vous en prie, laissez-moi simplement pleurer.

 

(Rita Moran)

L'esprit oublie toutes les souffrances quand le chagrin a des compagnons et que l'amitié le console.

(William Shakespeare)

 

Chercher en avant 

 

Ne le cherchez pas en arrière, ni ici, ni là, 
ni dans les vestiges matériels qui vous sont naturellement chers. 
Il n’est plus là.. Il ne vous attend plus là. 
C’est en avant qu’il faut le chercher, dans la construction de votre vie renouvelée…


Soyez lui fidèle et non point dans une sentimentalité rétrospective 
avec laquelle il faut avoir le courage de briser.. 
Sa véritable trace n’est pas dans certaines manifestations de son activité. 
Leur disparition même si douloureuse qu’elle puisse vous paraître, doit vous libérer, 
non vous déprimer. 
Non pas oublier, mais chercher en avant. 
Malgré tout ce que vous pouvez sentir ou croire, 
reconnaître avec évidence que votre vie doit soit se poursuivre. Je suis persuadé qu’elle commence. 
Décidez-vous seulement à ne plus vivre dans le passé,
ce qui ne veut pas dire que vous oubliez celui-ci, mais seulement que votre manière,
la vraie, de lui être fidèle doit consister à construire en avant, c’est à dire à être digne de lui.
Ne vous isolez pas. 
Ne vous repliez pas au fond de vous-mêmes. 
Mais voyez le plus possible vos amis. 
Donnez-vous. 
C’est ce don qui vous libérera et vous épanouira. 
Je voudrais que vous trouviez nombre de gens et de choses auxquels, noblement, vous vous donnerez.

 

(Pierre Teilhard de Chardin)

 

 

Un pont géant

 

J’avais devant les yeux les ténèbres. 
L’abîme qui n’a pas de rivage et qui n’a pas de cime, 
était là, morne, immense ; et rien n’y remuait.
Au fond, à travers l’ombre, impénétrable voile, je m’écriais :
« Mon âme, ô mon âme ! il faudrait, pour traverser ce gouffre, 
où nul bord n’apparaît, et pour qu’en cette nuit jusqu’à ton Dieu tu marches,
bâtir un pont géant sur des millions d’arches.
Qui le pourra jamais ? Personne ! ô deuil ! effroi ! pleure ! »
Un fantôme blanc se dressa devant moi
et ce fantôme avait la forme d’une larme ;
c’était un front de vierge avec des mains d’enfants :
il ressemblait au lys que la blancheur défend : 
ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l’abîme où va toute poussière , 
si profond que jamais un écho n’y répond ; 
et me dit : « si tu veux je bâtirai le pont ». 
Vers ce pâle inconnu je levais ma paupière.
Quel est ton nom ? lui dis-je . Il le dit : « la prière ».

 

(Victor Hugo)
Poème écrit lors du décès de sa fille

Publié dans POÉSIES DIVERS

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M
<br /> passe une belle douce fin d'après midi<br /> <br /> <br /> et surtout une bonne semaine bisous.<br />
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D
<br /> <br /> Merci Mumu bisous <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Coucou toi j'epére que tu va bien , et que ton tricot<br /> avance<br /> <br /> <br /> très bonne soirée bise.<br />
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D
<br /> Malheureusement, je n'ai pas encore pu prendre les aiguilles pour l'instant mais je vais m'y mettre bientôt puisque je suis installée maintenant, je devrai avoir plus de temps bisous<br /> <br /> <br />
K
<br /> Des beaux mots pour en parler, c'est pas toujours évident<br /> <br /> <br /> Bisous Elfiques<br />
Répondre
D
<br /> <br /> Merci Kri bisous et bon week-end<br /> <br /> <br /> <br />
:
<br /> Je ne vais jamais au cimetière. Mes défunts sont dans mon coeur.<br /> <br /> <br /> Bonne fin de semaine<br /> Bisoux<br /> <br /> dom<br />
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D
<br /> <br /> bisous <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> De la vérité ultime.... il n'y a rien à dire.... rien à comprendre....<br /> <br /> <br /> "Quand notre heure viendra nous dirons combien nous avons souffert, et Dieu aura pitié de nous. Nous nous reposerons, nous entendrons les anges ; nous verrons tout le monde terrestre se noyer<br /> dans la miséricorde qui emplira l'Univers...." (Prière de l'Oncle Vania à Dieu d'Anton Tchekhov)<br />
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D
<br /> <br /> Magnifique merci Michel gros bisous <br /> <br /> <br /> <br />